« Ce jourd’hui le neuf novembre mil huit cent quarante neuf,

le conseil municipal s’est réuni dans le lieu ordinaire de ses séances, en session légale sous la présidence de Mr le Maire en vertu de l’arrêté de Mr le Préfet en date du 23 octobre dernier précisant aux conseils municipaux de chaque commune de tenir leur quatre session ordinaire de 1849.

A cette séance étaient présents : MM Guéraud, Garin, Buisson, Boissonnet, Soulary, Ogier, Plasson, Chassagnieux, Brun, Pouzet, Four Michel, Viallet, Charrin, Montucla, Morel, Remillieux Maire.

……

«Mr le Maire expose au conseil municipal que plusieurs salles de la nouvelle maison d’école sont actuellement en état de recevoir les élèves, ainsi leur rentrée aura lieu incessamment, toutefois il n’a pas cru devoir fixer cette rentrée avant que le conseil municipal ait pris une décision pour prévenir divers abus qui se sont glissés dans cette école communale, notamment les deux dernières années.

 

D’abord on y a recu des enfants fort jeunes qui ne sont point encore susceptible de recevoir l’enseignement avec succès et auxquels Messieurs les instituteurs consacrent des peines et des soins a peu près inutiles et qui sont préjudiciables aux élèves plus âgés et auxquels il faut plus de soins.

 

Ensuite, on y admet aussi divers enfants étrangers à notre ville et appartenant aux localités environnantes

A l’avis de Mr le Maire il n’est point juste que des étrangers reçoivent une éducation gratuite aux dépens de notre commune.

En conséquence il invite le conseil à délibérer sur les deux abus qu’il signale.

Le conseil municipal,

 

Vu les ordonnances du 16 juillet 1833 sur l’organisation des écoles primaires et communales,

Vu une délibération du conseil municipal de la ville de Condrieu en date du 14 mai 1840 relative à l’admission des élèves à l’école communale de cette ville avec fixation de leur age,

Considérant qu’en admettant à l’école les enfants de tout age sans exception, on doit inévitablement mettre MM les instituteurs dans l’impossibilité de prodiguer tous les soins que demande l’instruction des élèves d’un age qui leur permet de faire des progrès.

Considérant que l’école communale de Condrieu dont les instituteurs sont payés sur les ressources de la commune n’a point été établie pour en faire profiter le enfants hors de cette commune dont les parents en supportent aucune charge communale.

Considérant que ce serait une injustice d’admettre gratuitement ces enfants étrangers qui viendraient absorber une partie des soins qui sont dus aux enfants de la commune puisque les parents aident à supporter les charges de leur instruction.

Par tous ces motifs : le conseil municipal arrête à l’unanimité,

1° Qu’aucun enfant ne sera admis à l’école communale de Condrieu par MM. les instituteurs sans qu’au préalable il ait été délivré à chacun d’eux un billet d’entrée délivré par Mr le Maire et ce dernier ne pourra admettre que des enfants ayant au moins 5 ans révolus.

2° Qu’il ne pourra être délivré aucun billet d’entrée aux enfants qui n’appartiennent pas à la commune, toutefois il pourra en être délivré, si Mr le Maire le juge à propos aux enfants étrangers qui seraient avec leurs aïeux habitants la commune.

Ainsi délivré les jours mois et an susdits et les membres présents ont signé après lecture faite.»

Illustration : les deux établissements scolaires positionnés sur une carte de l’époque.

Crédit : Dominique Brun