Les vendanges d'autrefois

Quand le Président LEBRUN découvrit le CONDRIEU

Quand le président de la République tombe en amour pour le Condrieu…faisant bien des envieux et des jaloux.

« Mr le président de la République Lebrun possède une qualité qui manquait à plusieurs de ses prédécesseurs, lesquels, si illustres, si glorieux et si vénérés fussent-ils, buvaient de l’eau, tout au moins en voyages officiels.

Mr Lebrun a charmé les convives du grand banquet du Palais de la Bourse en portant bravement à ses lèvres les verres pleins de vin rouge et blanc et en les vidant réellement. Nous avons vu des présidents faire le geste, mais ne pas même tremper leurs lèvres dans le cher liquide, et se désaltérer à un verre d’eau. MM. Poincaré et Doumer étaient buveurs d’eau pure, ouvertement. Mr Millerand, pendant les banquets , d’un geste robuste, pressait des citrons sur son verre. Mr Lebrun, lui, boit du vin comme un Beaujolais. Il est du reste d’un pays qui produit du vin blanc.

Mais où le président Lebrun a conquis les cœurs des représentants des vignerons, c’est au dîner intime qui a été offert en son honneur samedi soir à la Préfecture. Il a prouvé là que non seulement il boit du vin et le déguste, mais qu’il possède une bonne connaissance des crus.

Mr le préfet avait eu l’excellente idée de ne faire servir à ce repas que des vins de notre région : Bourgogne, Mâconnais, Beaujolais, Côtes du Rhône. Comme Mr Bender, président du Conseil général, faisait remarquer au président ce rassemblement régional, Mr Lebrun surprit le maire d’Odenas en lui détaillant, en parfait connaisseur les qualités de chacun des crus dégustés.

 Mais, ajouta le président, nous buvons là un vin blanc, de Condrieu que j’ignorais et qui est d’un bouquet extraordinaire. Comment se fait-il qu’il ne soit pas très connu et ne concurrence pas les vins blancs des bords de la Loire qu’il dépasse en parfum et qu’il semble aussi dépasser en chaleur».


C’était le fameux Vionnier de Condrieu, en effet très rare. Mr Bender expliqua au président que les coteaux de Condrieu ne produisent pas à profusion ce vin de haut prix, et que les gens de Condrieu, aussi fins buveurs que bons vignerons boivent une grande partie de leur récolte.

 c’est à leur honneur, répondit le président, mais c’est dommage».

 

Cette conversation fut rapportée aux maire de Condrieu qui ne s’en tint pas de joie d’autant plus que sa ville était encore à l’honneur au banquet du Palais de la Bourse, dont le menu comportait du «Foie gras au vin de Condrieu».

Les vins de la région eurent aussi les honneurs de ce banquet où l’on but du Morgon 1929 en rouge et du Fuissé 1929 en blanc, et comme vieux, du Moulin à Vent 1923. Les compliments du président furent tels que l’on espère, au prochain voyage présidentiel, organiser une tournée en Beaujolais, ce qui rendra Condrieu bien jaloux. »

Source : Article extrait du «Salut Public» (journal de Lyon), politique, commercial et littéraire, du 14 mars 1933 qu’a débusqué notre enquêtrice condriote, Dominique Brun, passionnée de presse ancienne et de Condrieu, cela va de soit !

 
 
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